jeudi 25 février 2021

Qu'est-ce que c'est, le BDSM ?

 Vaste question récurrente, qui est un peu le serpent de mer des débats. Des kilomètres d'encre, des gigaoctets de données, et toujours difficile de trouver un consensus qui puisse convenir à tout le monde. Je me dois donc de me fendre d'un AVERTISSEMENT : tout ce qui suit n'est qu'un point de vue personnel, qui n'engage que moi, si vous avez votre propre idée bien arrêtée sur la question, merci de passer à l'article suivant.

Étymologie

Le sigle BDSM est un sigle à tiroirs, qui regroupe différentes facettes et pratiques :

  • BD, pour Bondage/Discipline;
  • DS, pour Domination/Soumission;
  • SM, pour Sado-Masochisme.

Je trouve personnellement cette définition un peu fourre-tout et finalement assez peu pertinente. Je préfère me dire que les pratiques BDSM se répartissent sur deux aspects, la contrainte et la douleur, et sur deux pôles qui peuvent paraître opposés mais sont complémentaires, le physique et le cérébral.

Sans vouloir jouer l'oiseau de mauvais augure, chacune de ces pratiques est liée à des risques plus ou moins importants, que j'essaierai d'aborder dans les rubriques correspondantes.

Contrainte

Contraindre, c'est imposer ses choix à autrui. Dans le contexte qui nous intéresse, il s'agit donc pour une personne d'abandonner, bien évidemment volontairement et de manière consensuelle, une partie de ses libertés au bon vouloir d'une autre personne.

Contrainte physique

Il s'agit là, la plupart du temps, de restreindre les mouvements de son partenaire, que ce soit avec ses mains ou avec toute une gamme d'attaches et de liens.

Menottes, cordes, foulards, ceintures... Tout objet un peu souple peut être utilisé pour attacher dans des positions plus ou moins confortables. L'art des liens, qu'on l'appelle bondage, shibari ou kinbaku, est une discipline à part entière, qui nécessite des connaissance et une attention particulière pour être pratiqué en toute sécurité. Problèmes de circulation, compression des nerfs, strangulation, articulations abîmées...

On peut aussi y rattacher les simulations de viol, de kidnapping, jeux de rôles où une personne va imposer à une victime consentante certains actes ou certaines pratiques, en insistant comme toujours sur la nécessité du consentement.

Contrainte mentale

Je regrouperai ici toutes les pratiques tournant autour de l'obéissance. C'est un peu l'essence de la relation D/s "traditionnelle", souvent très codifiée, très ritualisée. Il me semble important de noter que ce qui convient à certains ne convient pas forcément à d'autres. Évitez de tomber dans le travers consistant à décalquer ce que vous avez pu lire ici et là, vous vous enfermeriez dans des carcans qui ne sont pas faits pour vous.

J'ai déjà abordé l'aspect du rituel, une autre pratique très courante est d'établir un contrat, souvent écrit, entre partenaires. Celui-ci n'est absolument pas nécessaire, on peut très bien s'en passer, et attention là aussi à ne pas vous enfermer dans quelque chose de très artificiel qui nuirait à toute spontanéité.

Même si le rôle de personne dominante peut amener à contraindre une personne soumise à s'adonner à certaines pratiques, gardez bien en tête que ces contraintes doivent comme pour tout le reste donner lieu à un accord préalable, c'est un peu le paradoxe de la situation.

Douleur

Provoquer ou subir la douleur est une pratique très répandue dans le BDSM. Souvent associée à la contrainte, la douleur peut aussi parfaitement être une fin en soi, sans autre recherche que le sadomasochisme pur.

Douleur physique

Il existe d'innombrables façons d'infliger la douleur, il me semble compliqué d'établir une liste exhaustive. Attention, la douleur étant un signal envoyé par le corps pour prévenir d'un danger potentiel, il va de soi que toutes ces pratiques comprennent leur part de danger.

Internet fourmille de références montrant de nombreux "exploits" de personnes expérimentées, à ne surtout pas essayer de reproduire à la maison sans une solide expérience, une parfaite maîtrise des techniques employées et une connaissance des personnes impliquées.

Les jeux d'impacts légers (cravache, fessée), les pinces, les morsures, les griffures sont des pratiques qui permettent d'expérimenter de manière relativement sécurisée autour de la douleur. Prenez vos précautions, un accident est vite arrivé.

L'électrostimulation, les aiguilles, le fouet et leurs dérivés sont plutôt destinés à un public averti, et demande souvent un apprentissage auprès de personnes habituées pour être abordées en toute sécurité. Attention, vous trouverez de nombreux "experts" autoproclamés sur internet, donnant des conseils peu avisés, essayez de repérer les personnes pratiquant réellement et de multiplier les points de vue.

Douleur mentale

Il s'agit ici de jouer avec le mental et le psychisme de son partenaire. Si une plaie infligée par accident finira par cicatriser rapidement, les blessures de l'esprit peuvent ne jamais se résorber.

La douleur mentale tourne souvent autour de l'humiliation, de l'avilissement. Elle se manifeste de diverse manière, qu'il s'agisse de réduire à l'état d'animal ou d'objet sexuel, d'insultes, de jouer avec les peurs ou le dégoût.

La communication avant, et après, reste primordiale, pour établir et affiner les limites, l'état d'esprit étant une des choses les plus difficiles à cerner durant une séance BDSM.

Et du coup, on fait quoi de tout ça ?

On en fait ce qu'on veut. Comme pour le buffet campagnard au mariage de votre tante, vous pouvez picorer à volonté, prendre des idées à droite et à gauche, et vous faire votre propre petite version du BDSM.

Vous trouverez toujours des rabat-joies pour venir vous expliquer que ce n'est pas SM, que ça devrait être plus comme ceci, moins comme cela. Et alors ? Que vous soyez amateur des 50 Nuances ou masochiste de l'extrême, faites comme bon vous semble.

L'essentiel dans le BDSM ne réside pas dans une liste de postures imposées, dans des règles répétées jusqu'à ne plus avoir aucun sens... L'essentiel réside dans le plaisir que les différents partenaires peuvent en tirer, ni plus, ni moins.

Ne vous lancez pas non plus dans la compétition stérile, ne cherchez pas à établir de records, à être le plus strict, le plus endurant, il ne sert à rien de comparer avec les voisins. Inspirez-vous, assimilez, mais chaque personne, chaque relation est unique, chacun recherche sa propre expérience, au gré de ses envies.

Tant que vous êtes en accord avec votre partenaire de jeu, soyez vous-même, sachez garder les limites qui vous importent et dépasser celles qui vous attirent, l'important ce n'est pas les autres, ce qu'ils font ou ce qu'ils pensent, c'est vous.

Est-ce que tu baises ?

Sexe ou pas sexe, l'éternelle question. Pour certains "puristes", hors de question de mêler le sexe et le BDSM. D'autres le pratiquent de manière assidue et ne conçoivent pas de relations BDSM sans une bonne dose de sexe.

Si le sexe a parfois mauvaise réputation dans le milieu, c'est sans doute en grande partie parce que, sous couvert de BDSM, de nombreux queutards viennent chercher des aventures, assimilant femme soumise et fille facile n'ayant d'autres choix que d'accéder aux demandes du premier homme dominant venu.

D'autre part, certains refusent de mélanger le BDSM et le sexe, souhaitant se concentrer d'avantage sur une forme plus cérébrale, peut-être plus raffinée. D'autres vont mélanger les deux, la sexualité permettant d'explorer de nouveaux jeux et des sensations différentes. Enfin, pour les pratiquants de cordes, bien souvent une séance d'encordage n’inclura pas de sexe, et les contacts entre partenaires se limiteront au minimum.

En bref, comme pour tout le reste, c'est aux partenaires de se mettre d'accord, pour savoir à l'avance les attentes de chacun.

Y a pas de mal à se faire du bien

Pour conclure, je dirais que l'important, c'est que les deux (ou plus, bande de coquins) parties en retire du plaisir. La contrainte, la douleur, certes, mais vous devez en retirer quelque chose de positif.

Si les demandes de la personne dominante vous pèsent, si vous vous retrouvez à préparer des choses pour une personne soumise comme si vous faisiez vos devoirs de classe, et bien, peut-être qu'il est temps de changer.

Changer de partenaire, changer de style ou de rythme de relation... Mais l'essentiel, le but, c'est un plaisir commun. D'où l'importance de la communication, de l'échange, avant, pendant et après, afin de mieux saisir les attentes et les envies de chacun.

Un autre point, vous arriverez souvent, à un moment ou un autre, à vous poser des questions, à vous demander ce que vous faites, pourquoi vous êtes là, et si vous n'êtes pas un peu malade. C'est une étape normale, le BDSM va souvent à l'encontre de ce que notre éducation nous a inculqué. Dites-vous bien que tant que tout se passe entre adultes consentants, où est le mal ?

Faites-vous plaisir, mutuellement, c'est bien pour ça que nous sommes là...

2 commentaires:

  1. Vos Pas en ce Blog sont judicieux, cher Tindalos...Et de forts bons conseils...Comme à votre habitude, j'oserai dire...

    Je me permettrai d'ajouter une remarque sur cette signification que vous offrez du BDSM...

    Le BDSM, qu'importe le coté du manche du fouet ou de la cravache où l'on se trouve, est avant tout la recherche du plaisir, du plaisir partager à être ce que l'on est...

    Et qu'importe alors que l'on soit homme, femme,trans, Sissi... hétéro gay bi..dominant, dominé, switch...
    Le plaisir est l'essence des Sens..Même si c'est une évidence ;)

    En tout cas merci de vos mots cher Thindalos

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  2. Voilà, correction effectuée, j'ai rajouté un petit passage sur ce point tellement important et évident que je l'ai oublié ;)

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