Le BDSM est une pratique qui peut s'avérer dangereuse sur deux aspects différents. Tout d'abord, sorti du panpan-cucul basique, la plupart des pratiques peuvent s'avérer à risque, et nécessitent si ce n'est les conseils d'un expert, tout au moins de se documenter sérieusement avant d'envisager de les mettre en œuvre. Je ne couvrirais que rapidement cet aspect de la sécurité, parce que je suis loin d'être un expert dans quelque domaine que ce soit et ne souhaite pas donner des avis erronés qui pourraient causer des dégâts.
Un autre aspect de la sécurité concerne plutôt l'aspect relationnel ; escrocs, personnes (réellement) abusives ou avec de graves soucis psys, faux-plans... La liste est longue, et, surtout quand on débute, difficile de faire le tri entre les propositions honnêtes et les différents pièges qu'on peut rencontrer.
Sans vouloir sombrer dans la paranoïa, je vous conseille, à tout le moins, de faire preuve d'un minimum de méfiance. J'ai tendance personnellement à accorder la bénéfice du doute en première intention, tout en sachant pertinemment que toute personne rencontrée sur internet peut-être une mascarade. Comme disent les anglophones, "better be safe than sorry", soit "mieux vaut être en sécurité que désolé", et je pense que cela correspond à l'attitude à avoir face à une potentielle rencontre.
Pratiques à risques
Comme pour tout le reste en BDSM, le simple fait de se poser des questions et de faire preuve d'un minimum de jugeote et de bon sens est déjà un grand pas en avant dans la recherche d'une pratique sûre. Avant d'aborder quelques pratiques, j'ajouterais qu'il est en premier lieu de la responsabilité de la personne qui va subir ces pratiques de s'assurer que leur partenaire maîtrise réellement son sujet.
Il ne s'agit pas d'exonérer la responsabilité de l'exécutant, mais bien de faire preuve de discernement quand vous confiez potentiellement votre santé à une personne. Posez des questions, croisez les réponses avec des personnes de confiance maîtrisant réellement la pratique, demandez éventuellement à rentrer en contact avec d'anciens partenaires pouvant vous rassurer...
Les adeptes de pratiques plus extrêmes ont souvent "pignon sur rue", c'est à dire qu'ils sont intégrés à la communauté, participent à des évènements, ont des relations avec d'autres membres... On ne devient pas par exemple un expert en cordes du jour au lendemain, cela demande beaucoup de pratique, et donc de partenaires, de mentors, de confrères... Donc méfiance envers les personnes affirmant maîtriser l'art du fouet, des cordes, des aiguilles et autres, et qui ne connaissent personne pouvant témoigner de leurs capacités.
Pour ceux qui souhaitent faire subir ces pratiques, c'est à vous de vous documenter, de vous renseigner, de prendre conseil auprès de personnes expertes.N'hésitez pas à demander des renseignements, soit parce que vous avez commencé à vous constituer un petit réseau, soit parce que vous avez une bonne réputation et qu'une éventuelle question posée sur un forum aura sûrement une réponse.
Les cordes
La pratique des cordes demande en tout premier lieu une certaine connaissance de l'anatomie, pour éviter de couper la circulation, d'abîmer des nerfs, des tendons ou des muscles.
Il est parfaitement possible de réaliser quelques "œuvres" basiques, telles que le karada ou des harnais de poitrine, en vous assurant de ne pas trop serrer, qui offrent un rendu déjà sympathique sans mettre votre partenaire en grand danger. Vous trouverez de nombreuses vidéos sur le sujet, sur Youtube, par exemple.
Pour le reste, rien ne remplace la lecture très studieuse d'un ouvrage sérieux sur le sujet, le mieux étant encore de trouver une personne susceptible de vous enseigner les bases en toute sécurité. Vous trouverez des cours dans la plupart des grandes villes, plus qu'à trouver votre partenaire à saucissonner en toute sécurité.
Jeux d'impacts
Qu'il s'agisse d'utiliser une cravache, un paddle ou la main, limitez vous aux zones charnues, les fesses essentiellement. Toute la zone des lombaires, de la poitrine, est à proscrire, ainsi que la tête bien évidemment.
Les autres instruments sont notamment plus cinglants, ne vous en servez qu'après avoir pris le temps de maîtriser leur maniement. Entraînez-vous sur le coussins du salon, afin d'être capable de toucher à coup sûr la zone visée.
Le fouet, particulièrement, est d'un maniement délicat, et demande une certaine maîtrise avant d'être utilisé réellement. Il peut y avoir un énorme décalage entre la zone visée et la zone touchée, et frapper vos yeux ou ceux de votre partenaire peut avoir des conséquences dramatiques.
Aiguilles et jeux médicaux
Ces pratiques demandent de connaître des bases minimales en asepsie et désinfection du matériel, donc soyez très prudents. De nombreux pratiquants du BDSM sont dans le milieu médical (ne me demandez pas pourquoi, mieux vaut ne pas le savoir), vous trouverez donc facilement des sources de renseignements fiables et exhaustives.
Strangulation et asphyxie
Qu'il s'agisse de strangulation manuelle, ou à l'aide de cordes, ces pratiques sont très dangereuses et demandent de la pratique et une bonne connaissance du corps humain. Vous pouvez trouver des informations sur le sujet en pratiquant des arts martiaux du style judo, mais encore une fois ce n'est certainement pas une pratique à prendre à la légère.
En tout état de cause, ne pratiquez jamais d'étranglement sanguin, limitez-vous à quelques secondes et si votre partenaire perd connaissance, c'est qu'il est déjà largement trop tard et que vous êtes allé trop loin.
En conclusion
Quelle que soit la pratique, renseignez-vous, prenez le temps de prendre connaissance des différentes contraintes à respecter. En cas de soucis, c'est votre responsabilité qui sera engagée, tant d'un point de vue personnelle auprès de la personne que vous aurez blessée, que d'un point de vue légal.
Arsenic et vieilles dentelles
Le monde du BDSM est loin d'être le monde des Bisounours. Si la plupart des membres vont professer le respect, l'écoute de l'autre et l'échange sur leur descriptions et dans leurs interventions, dans les faits, la réalité est toute différente. Je vais donc lister ici les pièges les plus courants, et les moyens de s'en prémunir.
Queutards, fantasmeurs, mythos et poseurs de lapins
Madame, vous êtes à peine inscrite depuis 15 minutes sur un site, et déjà vous avez reçu 5 photos plus ou moins glorieuses de zigounettes ? Félicitations, vous venez d'observer le queutard dans son milieu naturel.
Apanage quasi exclusif du mâle, le queutard ne vient sur les sites BDSM que dans l'espoir de tirer un coup gratuit. Confondant soumise et coup facile, il s'imagine que son statut de dominant va lui permettre de pouvoir vous imposer à volonté des relations sexuelles, vous n'êtes qu'une soumise après tout.
D'autres personnes, de tout bord cette fois-ci, ne sont-là que pour répondre à une certaine curiosité ou essayer d'assouvir des fantasmes par procuration. Soit par peur de sauter le pas, tant il est vrai que se rendre à une première rencontre BDSM puisse impressionner, qu'on soit de nature dominante ou soumise, soit parce que leurs attentes, nourries de films pornos ou de romans érotiques, sont irréalistes.
Entre l'homme de 60 ans qui cherche une mère et sa fille (sisi, ça existe) pour être à son service, ou l'adepte de romans D/s qui s'imagine que nous sommes tous des multimillionnaires parlant 5 langues et pratiquant le tango argentin ; deux salles, deux ambiances, mais un fantasme rêvé très loin de la réalité.
Vous trouverez aussi de nombreux faux-profils féminins, cachant des hommes cherchant soit à vous faire perdre votre temps, soit à se alimenter leurs plaisirs masturbatoires en vivant là aussi par procuration ce qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas assumer.
Rassurez-vous, à part une perte de temps et d'énergie, ces profils-là ne risquent pas de vous faire grand-mal. Prenez-le avec le sourire, vous vous en amuserez d'ici quelques années. La chasse au faux-profils est d'ailleurs une activité répandue.
Escrocs et brouteurs
D'autres faux-profils sont beaucoup moins bien intentionnés. Ils ne sont là que pour une chose, votre porte-monnaie. Leurs techniques sont relativement perfectionnées, utilisant des images prises ça et là sur internet, voir même rejouant sur un logiciel de chat vidéo des enregistrements volés sur des sites de camgirls.
Méfiez-vous des profils "trop parfaits", prêts à tout en l'espace de quelques jours, et qui finissent rapidement par vous demander une participation financière, soit pour les frais de voyage, soit pour aider leur pauvre-mère-à-l'hôpital-qui-va-mourir-sans-son-traitement. D'autres s'arrangeront pour vous enregistrer dans des situations difficiles à assumer, et menaceront de dévoiler les images à vos proches ou à votre employeur.
Je n’inclurais pas dans cette liste les dominas dites "vénales" qui font payer leurs prestations, ni les pratiques de money-slavery où un soumis laisse une domina utiliser ses finances. Même si de nombreuses escroqueries existent autour des dominas vénales, où vous paierez pour une rencontre qui ne se concrétise pas, il existe de nombreuses pros et semi-pros qui sont tout à fait honnêtes et investies dans les services qu'elles rendent.
Là encore, tout ce qui va trop vite, est trop beau, sera sans doute une escroquerie. L'utilisation d'une site de recherche inversée d'images permet de s'assurer que les photos ne sont peut-être pas volées, encore qu'ils ne fonctionnent pas à coup-sûr. Un contact téléphonique ou en vocal rapide permet au moins de s'assurer qu'on a bien affaire à une femme, même si la non plus ce n'est pas la panacée.
Violeurs, harceleurs, abuseurs
Lors d'une première rencontre, prenez toutes les précautions pour assurer votre sécurité, particulièrement si vous êtes une femme, puisqu'elles sont bien plus souvent victimes qu'instigatrices de ces problèmes.
Une première rencontre devrait se dérouler dans un lieu public, afin de pouvoir jauger "sur pied" un éventuel partenaire. Ne confiez pas vos numéros de portable, comptes Facebook et autre avant d'être sûr de pouvoir faire confiance ; privilégiez les communications par mail ou par logiciel de chat en utilisant des comptes "jetables" facilement oubliés.
Méfiez-vous des fuites d'informations, avec un prénom, un âge, une profession, glanées de-ci, de-là, il est facile de faire des recoupements avec votre ville et de vous retrouver. Surtout qu'à l'heure de la multiplication des comptes sur différents sites, coquins ou non, on a vite fait de trouver d'autres informations sensibles.
Bien évidemment, une fois que la séance est lancée, la personne soumise se retrouve en position de faiblesse. Refusez de vous laisser attacher, de vous laisser bander les yeux ou baîllonner dès la première rencontre. Soyez en pleine possession de vos moyens, et préférez un terrain de jeu neutre, comme une chambre d'hôtel.
Prévenez une personne de confiance, donnez lui les détails de la rencontre et les informations sur la personne, prévoyez ensemble d'un code permettant d'appeler à l'aide (par exemple, "tout va très très bien" peut justement signifier l'inverse), ainsi que d'une heure limite à partir de laquelle s'inquiéter.
Pour le reste, des conseils de base contre le viol sont disponibles sur internet, réalisés par des personnes plus compétentes que moi en la matière, n'hésitez pas à en prendre connaissance. Quelques cours de self-défense de base peuvent aussi s'avérer un investissement rentable.
Quel que soit le scénario de votre rencontre, rappelez-vous qu'une personne soumise a le choix de donner ou reprendre sa soumission, et qu'aucune personne dominante ne peut imposer de pratiques sans son accord, et que vous pouvez et devez mettre un terme à la rencontre si vous vous sentez mal à l'aise ou menacée.
Les manipulateurs
De nombreux manipulateurs utiliseront leur position de personne dominante pour vous isoler, vous empêcher de réfléchir . Sachez que quelqu'un qui vous saute dessus à peine votre inscription terminée passe sans doute sa journée à rafraîchir la page des nouveaux arrivants, sans doute pas un gage d'une personne de qualité.
D'autres personnes en profiteront pour vous tutoyer d'emblée, pour instaurer un rapport de force qui n'a pas lieu d'être justifié par leur pseudo-nature de "Maître" ou "Maîtresse". Au-delà du simple respect dû à toute personne, vous ne devez absolument rien à qui que ce soit, quel que soit le statut que vous avez choisi.
Vous pouvez être un chien, une pute, mais vous ne serez le chien ou la pute que de celui ou de celle à qui vous aurez choisi de l'accorder.
Certains en profitent même pour exiger un contrôle total des différents moyens de communication d'une personne soumise. C'est là aussi un piège visant à vous isoler et à vous éloigner de sources d'informations qui risqueraient de mettre à mal leur imposture.
Messieurs les soumis, vous trouverez souvent des hommes dominants qui vous demanderont comme gage de bonne volonté de leur trouver une femme soumise. Comme ils ne sont pas capables de le faire eux-mêmes, ils envoient d'autres faire leur sale boulot, et que croyez-vous qu'il arrivera quand vous leur aurez ramené leur quota de chair fraîche, si tant est que vous y arriviez ?
En conclusion
Là aussi, faites preuve de bon sens, ne vous laissez pas guider par vos bas-instincts ou vos émotions, mais utilisez votre cerveau et réfléchissez, si quelque chose vous semble louche, c'est sans doute qu'il y a anguille sous roche.
Avec l'expérience, vous apprendrez à déjouer ces pièges et à démasquer les arnaqueurs et les personnes dangereuses, mais en attendant, soyez prudent.
C'est malin, je flippe maintenant
Je me fais l'oiseau de mauvais augure. Mais rassurez-vous, il existe aussi des personnes sincères, avec des valeurs, qui ne sont pas là que pour un intérêt personnel mais pour vous permettre de vous épanouir à deux.
Les cas que j'ai décris plus haut ne sont souvent qu'anecdotiques, mais peuvent être suffisamment graves pour ruiner une vie.
En en ayant connaissance, vous pourrez ainsi vous en prémunir et vivre une belle découverte en BDSM vous permettant de vous épanouir dans le monde des Bisounours !